Cinéma Ciné Rillieux, 81 bis Avenue de l'Europe, 69140 Rillieux-la-Pape

 

CINE COLLECTION

 

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Les films proposés sont restaurés en 4K bénéficiant ainsi d'un remaster du son et de l'image.

 

 

MAMAN A 100 ANS

De Carlos Saura 

Avec  Charo Soriano et  Geraldine Chaplin

1979 – 1h40 – Tamasa Distribution

Art et Essai 

Anna est vivante et mariée à Antonio. Les deux reviennent dans le manoir où Ana fut nounou quelques années auparavant afin de fêter les cent ans de la matriarche de la famille. Au cours de la réunion, elle découvre que José mourut trois ans de cela, que Juan a quitté sa femme et que Fernando vit toujours avec sa mère, cherchant à toujours à faire voler infructueusement son deltaplane. Reste les trois filles qui ont bien grandi. Juan, de son côté, arrive pour fêter l'anniversaire avec une idée en tête : tuer, avec l'aide de Fernando et Luchy, la grand-mère, afin de toucher l'héritage.

L'évolution en deux étapes

Avant Maman a cent ans, il y a eu, six ans auparavant, Anna et les loups. Carlos Saura choisit de donner une suite au destin de sa gouvernante anglaise, ayant échappé à une famille pour le moins étrange dans le premier opus et y retournant à l'occasion de l'anniversaire de la grand-mère dans le second. L'Espagne a elle aussi muté entre la production des deux films (1973 et 1979), transformant les symboliques du premier long-métrage (comme l'Eglise ou l'Armée) pour mieux témoigner d'une jeunesse plus libérée et plus moderne.

Rire des choses importantes du monde.

Selon Carlos Saura, l'anniversaire de la grand-mère et la réunion qu'il provoque servent de prétextes à une observation plus large. En l'occurence, le fossé qui sépare l'ancienne génération, que le cinéaste qualifie de "franquiste", et celle qui va lui emboiter le pas. Pourtant, il s'agit bien là de la première franche comédie du cinéaste, ce dont il eut peur lors de l'écriture, le genre ayant mauvaise presse. Il précisera plus tard avoir toujours cherché à injecter dans ses films "un humour aragonais très proche de l'humour anglais, un peu ironique", en référence à la communauté d'Aragon, au nord de l'Espagne.

Une prestigieuse nomination à l'Oscar

Avec Maman a cent ans, Carlos Saura décroche sa première nomination aux Oscars dans la catégorie "meilleur film en langue étrangère". Un évènement vécu par le cinéaste comme un amusement, celui-ci ayant partagé le repas de la cérémonie avec, entre autres, George Cukor, William Holden et Billy Wilder.

Tout le monde de retour... ou presque

Si tout le casting s'est prêté à l'exercice de la suite sans sourciller, un acteur ne put malheureusement pas participer à Maman a cent ans. Il s'agit de José María Prada, mort peu de temps avant le tournage et incarnant dans Anna et les loups José, représentant de l'autorité militaire.

 

GUERRE ET PAIX

Maman a cent ans commence à l’endroit même où tombait Géraldine Chaplin, le front troué, à la fin d’Anna et les loups : d’un film à l’autre, c’est donc une tombe qui fait le lien, celle de José désormais, le tyran domestique nostalgique de la toute puissance militaire qui appuyait sur la gâchette dans le précédent opus de Saura. La réunion inaugurale de la famille recomposée autour de la tombe de son « caudillo » disparu est évidemment un clin d’œil ironique de Saura : clin d’œil sur l’histoire la plus récente de son pays (entre Anna et les loups et Maman a cent ans, Franco est mort) et sur son propre passé artistique. Le cinéaste n’avait-il pas, six ans plus tôt, prétendu faire table rase de l’ordre ancien en dénonçant la pulsion de mort d’un pouvoir franquiste aux abois ? C’est donc sur les mêmes lieux du crime que Saura dresse un bilan de la fameuse « transition démocratique », et de son propre chef d’œuvre. Or entre Anna et les loups et Maman a cent ans, la « sainte trinité » ibérique (l’armée, la famille, la religion) qui fondait l’ordre des choses n’a plus la même emprise : l’époux frustré est devenu mari volage, l’autiste perclus dans sa foi sulpicienne cherche l’élévation par le deltaplane et la petite fille innocente dont s’occupait Anna a grandi, devenant une femme aux désirs… affirmés. Seule la grand-mère est restée la même, ce personnage intrigant avec qui Anna, telle une Alice mi naïve mi désenchantée, rouvrira les vieilles armoires. Dans l’Espagne qui a changé, les vieux bougent encore, tous ne sont pas morts, et c’est avec eux qu’Anna va devoir faire la paix. Car c’est au prix de cette paix, et d’un ordre des choses retrouvé et renouvelé, qu’un autre monde sera possible.

 

POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE DIEU

Maman a cent ans, qui a fait rire toute l’Espagne à sa sortie en 1979, est souvent décrit comme la version drôle d’Anna et les loups (il est vivement conseillé de connaître le premier film pour voir le second). L’actrice Rafaela Aparicio, particulièrement attachante dans sa composition de grand-mère rouée et volubile, joue un rôle certain dans le charme et la séduction de cette comédie de mœurs. Mais au-delà de l’humour gentiment narquois du film, on peut voir dans cette relecture explicite du « film choc » qui l’a précédé une tentative de Saura pour réconcilier « les » Espagnes – celle, moderne, de l’affairisme, et de la libération des mœurs, et celle, bigote et machiste, qui connaît encore par cœur la vie de Saint-Antoine mais renonce, enfin, à persécuter ses proies sexuelles. Saura a abandonné dans Maman a cent ans le réalisme brutal qui faisait la force d’Anna et les loups : il prône dans ce nouveau film l’apaisement par le rire et par le rêve. La cupidité maladroite de la bru, la niaiserie touchante de Fernando, les dons divinatoires de la grand-mère sont des caricatures tendres qui retirent au drame initial cette violence que Saura avait jeté au visage de ses concitoyens en 1972. L’heure n’est plus au règlement des comptes mais au dépassement des rancunes, à une transmission plus sereine entre les générations. Comme Bergman (non plus celui de La Source, qui hantait la fin d’Anna et les loups, mais celui des Fraises sauvages), comme Buñuel ou Fellini, Saura rappelle dans Maman a cent ans qu’il fait avant tout œuvre de fantaisie, n’hésitant pas à insérer, avec aplomb et adresse, une séquence entière de l’«ancien » film dans le nouveau, ou à ouvrir des fenêtres mystérieuses sur le monde secret de l’enfance. D’où peut-être cette nécessité d’interrompre brusquement le récit, dans des arrêts sur image aussi imprévisibles qu’inexpliqués qui suspendent l’intention édifiante du cinéaste : Carlos Saura prend ses distances avec une lecture trop allégorique, trop « morale » de son film – celle dont a pâti Anna et les loups six ans plus tôt – car il peut enfin, en 1979, préférer la légèreté au sérieux. Signe des temps, Anna n’est plus la Justine sacrifiée par les maîtres, mais une Alice joueuse qui a non seulement pardonné à ses assassins mais leur évite de renouveler leur crime : une vision entre optimisme et lucidité sur une Espagne en transition qui ne veut ni mourir, ni se renier.

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